Tout savoir sur tous

Vous pouvez retrouver sur le site la-bas.org notre entretien avec Julian Assange, diffusé le 20 mars et le 21 mars 2013.
Antennes paraboliques dans le désert au Mexique © Roger Ressmeyer - CORBIS - 2013

Débranchez Big Brother ! Stop à l'espionnage de masse ! Merci Edward Snowden ! Ils sont quelques-uns à manifester devant la Maison-Blanche. L'espionnage de tous par chacun, c'était la STASI, c'était la marque du totalitarisme. Or, depuis les révélations d'Edward Snowden, le monde découvre que les services secrets américains, sous prétexte de lutte antiterroriste, ont mis en place le système d'espionnage le plus monstrueux de toute l'histoire humaine. Les pouvoirs ont toujours espionné les ennemis comme les amis. Mais des lois, jusque dans les constitutions, sont venues protéger l'intimité et la liberté de penser. Voilà ce qui est violé aujourd'hui, avec le soutien des États, avec la collaboration des grands opérateurs comme Microsoft, Google, Blackberry, Facebook... Julian Assange, Chelsea Maning, Edward Snowden, et tous ceux qui ont eu le courage de révéler la vérité sont lourdement condamnés. C'est THOMAS DRAKE, l'un de ces lanceurs d'alerte, que nous rencontrons aujourd'hui.
Un reportage aux États-Unis de Giv Anquetil et Daniel Mermet.


Programmation musicale
- Fuck security, par Lil John & The East Side Boyz
- Security, par Otis Redding
Stations d'interception du Réseau Echelon © Matt Crypto - Wikmedia - Commons - 2013
 
Au prix de sa liberté, Edward Snowden a révélé au monde le programme monstrueux de la NSA. Mais depuis des années, à l'intérieur même de la NSA, des chercheurs tentaient de dénoncer ces dérives. C'est le cas de KIRK WIEBE et de de BILL BINNEY : ils ont préféré démissionner pour mieux dénoncer ce BIG BROTHER. Inquiets de la baisse de confiance, les géants comme GOOGLE, FACEBOOK, TWITTER, etc., font pression sur le gouvernement américain .

POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, MILITAIRE, CULTURELLE, NOUS SOMMES TOUS ENGAGÉS DANS UNE NOUVELLE GUERRE, LA GUERRE INFORMATIQUE...

Programmation musicale
- NSA, par Crudbump
- Hello, NSA, par Roy Zimmerman

L'émission d'aujourd'hui m'a fait penser à cette intervention de Gregor Gysi (19/11) devant le bundestag (apparemment il y a une version en anglais). Il dénonce les écoutes de la NSA et la docilité de l'Allemagne (donc Europe) d'une manière très structurée et impitoyable :
http://volksbetrugpunktnet.wordpress.com/2013/11/19/der-hammer-guckt-euch-das-an-bitte-verbreiten/

 
Malgré l'espionnage, heureusement qu'on a internet pour s'informer.
En 2011 à propos du porte avion Ronald REAGAN pris dans le nuage de Fukushima on lisait sur le site du point :
"Le niveau de radiation est si faible qu'il ne constitue pas un danger pour la santé - moins d'un mois d'exposition à des radiations naturelles provenant du sol, du soleil et de roches"
Et aujourd'hui 3 ans après sur des sites internet :
"Plus de cinquante membres de l’équipage du porte-avions Ronald Reagan déclarent souffrir de différents types de cancer" Des tumeurs malignes diverses, dont le cancer de la thyroïde, la leucémie, des tumeurs cérébrales, cancers des testicules,...
Et ce n'est que le début !
 
En cliquant sur ce lien très documenté:
on y apprend entre autre que le National Intelligence Program (NIP) auquel appartient le NSA et le Military Intelligence Program (MIP) ont dépensé en 2012 76 milliards de dollars pour la seule activité de l'espionnage. Pour situer, c'est plus que ce que nous dépensons pour l'éducation nationale, notre plus gros budget. Personne ne doute que l’éducation est un excellent investissement sur l'avenir justifiant cette énorme dépense. Pour comparaison, les pays hors USA consacrent seulement 100 à 200 millions de dollars à l'espionnage politique, économique, et à lutter contre le terrorisme, et cela semble suffire largement.
Si les États-Unis dépensent cette colossale fortune il faut que cela soit pour quelque chose de «diablement » plus rentable que ce que tout le monde obtient par des moyens traditionnels :
76 milliards annuels
 +1 million de spécialistes en tous domaines
 + le stockage massif sur les serveurs du NSA de nos données
 + des logiciels comme Prism,
permettent pour la première fois de l'histoire humaine qu'un pays soit au courant de toutes les stratégies commerciales adverses des plus petites aux plus grandes entreprises à travers le monde, ceci pour donner un avantage compétitif considérable à son économie. En effet, si on est au courant de la stratégie adverse suffisamment tôt, on peut corrompre, déstabiliser le négociateur par sa vie privée, jouer sur ses failles. Ce système d'espionnage est applicable quelle que soit la taille de l’entreprise, quelle que soit la puissance de l'homme politique, qu'il soit un petit maire ou le président de la république. Par exemple, qu'il doit être facile de contrôler un Cahusac-ministre si on a stocké ses conversations téléphoniques...
Même pour les plus petits d'entre nous, on peut trouver des choses intéressantes pour nous influencer, si un jour cela devenait nécessaire. On saura qu'avec untel on peut jouer sur son orgueil, ou son besoin de reconnaissance. La corruption par l'argent n'est pas toujours nécessaire même si c'est souvent un argument très efficace. Revoyez « Dossier 51 » de Michel Deville, racontant l'histoire de ce diplomate qu'une équipe est chargée de retourner : on le sait difficilement corruptible, aussi pendant plusieurs mois de filages discrets, sa vie est-elle étudiée sous toutes les coutures pour trouver son point faible, sa faille humaine qui permettrait d'avoir prise sur lui. Son dossier est finalement refermé sur un échec: son suicide n'était pas prévu. Pas grave ! On en ouvre un nouveau avec le prochain sur la liste. Hé bien, avec Prism, non seulement ce travail de recoupement est considérablement facilité (quelques heures suffiront au lieu de long mois de filage), mais on peut le faire subir à n'importe qui. Il suffit que les remontées tirées de la mer d'infos où baignent vos données disent que vous êtes la personne à approcher. Cela peut tomber sur celui qui se sent obliger de dire à tout le monde « Prism ne me dérange pas, je n'ai rien à cacher ». Quelle bien pauvre protection pour cette personne qui accepterait d'être victime de cette asymétrie totale entre citoyens! Comment lui reprocher cette attitude de l'autruche? Elle réagit instinctivement, tant cet espionnage disproportionné est effrayant et sidérant pour l'esprit. Beaucoup comme cette personne préfère regarder ailleurs.
Nous essayons de nous raccrocher à toutes les branches permettant de penser que c'est impossible.
Par exemple ce point régulièrement mis en avant : comment trouver la bonne information dans une telle masse qui ne cesse de croître, avec des « n'oublie pas de ramener le pain en rentrant ce soir » ? N'est-ce pas chercher une aiguille dans une botte de foin? Non ! Et cela signe pour la plupart d'entre nous, notre manque de culture dans le domaine de l'informatique, en particulier celle des journalistes, car en réalité ce n'est pas la partie la plus difficile du problème. Le NSA a engagé des spécialistes sortis de grandes écoles, de ces personnes qui ramènent tout problème à une série de petites boites bien propres permettant de leur éviter que surgissent des problèmes moraux à fabriquer ces logiciels. Résolu ce point de moralité, Prism, finalement, est un travail de développement assez classique. Il permet de repérer des cibles intéressantes en se limitant aux métadonnées de nos fichiers. En permettant leurs recoupements, les métadonnées donnent notre profil avec une grande précision : nos goûts, notre réseau social et professionnel, sans avoir à écouter ou lire le contenu des fichiers, ce qui serait extrêmement coûteux et stupide. Cela ne se fera que de manière ciblée, dans un second temps, si votre cas sort étiqueté comme « cible intéressante ».
On peut considérer « la vie des autres », ce film décrivant l'espionnage de la population de l’Allemagne de l'Est, commenté unanimement et avec juste raison comme monstrueux, comme étant la préhistoire de Prism. Aujourd’hui, le NSA utilise son système d'espionnage pour une guerre économique totale, mais demain cela peut être pour d'autres raisons, d'autres folies : Prism permet toutes les approches.
La seule vraie difficulté à un tel projet était bien d'abaisser le coût du stockage pour que cela soit économiquement compatible avec le but recherché. Désormais ce n'est plus un problème, surtout si, de nous-mêmes, nous décidons de tout mettre sur le cloud, permettant au NSA de faire de substantifiques économies sur l'achat de serveurs qui seront alors payés par nos abonnements. Le « Cloud », le « nuage », un nom qui fait rêver. Ce procédé publicitaire est là pour nous faire oublier que le cloud est tout ce qu'il y a de plus physique. Les serveurs sont physiquement quelque part. Quitte à y laisser nos affaires, il vaut mieux savoir où elles se trouvent, et sous quelle législation.
 
 
Pour en savoir plus, je vous renvoie au très bon livre :"En Amazonie, infiltré dans le meilleur des mondes" de Jean-Baptiste Malet.
 
Thomas Drake aurait aussi pu parler du 11-Septembre :

 http://www.reopen911.info/News/2012/05/22/un-analyste-de-la-nsa-nous-aurions-pu-empecher-le-11-septembre/