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mon mémoire de maîtrise avait pour sujet : "étude comparée du Misanthrope de Molière et de Der Schwierige de Hugo von Hoffmannsthal aussi je me suis empressée de voi ce film qui traite du même thème:... |
Deux interprètes hors pair : Le duo de l'année
Après nous avoir ravi en 2011 avec "Les Femmes du 6ème étage", Philipe Le Guay rempile avec son acteur devenu fétiche et nous propose une petite perle du cinéma français. Deux acteurs (Fabrice Luchini et Lambert Wilson) qui jouent aux acteurs avec une justesse et une jubilation qui transpire pendant les 100 minutes du film. A coup d'alexandrins ou de dialogues modernes et incisifs voir féroces, sur le métier, on assiste là à l'invention d'un duo qui devrait marquer le cinéma de demain. Une comédie amère et douce à la fois où personne n'est épargné, surtout pas l'égo des acteurs...
Synopsis
Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde.
Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, abonné aux rôles de héros au grand coeur, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ?
Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder. Il propose à Gauthier de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste. Au bout de cinq jours de répétition, il saura s’il a envie de le faire ou non.
Les répétitions commencent : les deux acteurs se mesurent et se défient tour à tour, partagés entre le plaisir de jouer ensemble et l’envie brutale d’en découdre. La bienveillance de Gauthier est souvent mise à l’épreuve par le ressentiment de Serge.
Autour d’eux, il y a le microcosme de l’Île de Ré, figée dans la morte saison : un agent immobilier, la patronne de l’hôtel local, une italienne divorcée venue vendre une maison.
Et l’on peut se prendre à croire que Serge va réellement remonter sur les planches…
De : Philippe Le Guay
Avec : Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Anne Mercier, Camille Japy, Ged Marlon, Laurie Bordesoules, Maya Sansa, Stéphan Wojtowicz, Christine Murillo, Edith Le Merdy, Josiane Stoléru
Durée : 104 minutes | Couleur : Oui
Année : 2013 | Restriction : Tous publics
Synopsis : Le célèbre acteur Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle en se réfugiant dans sa maison de l'île de Ré. Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision au sommet de sa carrière, débarque sur l'île pour convaincre Serge de jouer le rôle d'Alceste Le Misanthrope de Molière. Mais l'acteur refuse tout net dans un premier temps. Et cependant, il finit par proposer un accord : répéter durant cinq jours la première scène de la pièce et décider ensuite...
Production : Appaloosa Développement, France 2 Cinéma, Les Films des Tournelles, Pathé
Scénario : Pilippe Le Guay
Musique : Jorge Arriagada
Pays : France
Le troisième personnage principal du film, c’est de fait l’île de Ré, un « lieu de réclusion à la morte saison » comme le dit Philippe Le Guay. Mais un lieu ambivalent également puisqu’à la belle saison, a contrario, afflue une intelligentsia parisienne dont le cinéaste souligne avec malice qu’elle pourrait bien s’apparenter à la Cour de Versailles au temps de Molière et de sa pièce. L’île devient alors et le désert où Alceste aimerait se réfugier et la cage dorée de Versailles que son ami Philinte connaît si bien.
En présentant ce projet à Fabrice Luchini, le cinéaste jouait un peu sur du velours puisque le comédien voue à Molière, un « immense dialoguiste », comme il dit, et à cette pièce en particulier une véritable admiration. L’acteur rappelle d’ailleurs que Louis Jouvet resta jusqu’à la fin de sa vie intrigué par l’immensité mystérieuse de la première scène du Misanthrope où ces deux caractères opposés se font face, à moins évidemment qu’il ne s’agisse des deux faces d’un même visage. Devant ses élèves jouant cette scène initiale, même après vingt ans de professorat, Jouvet ne leur cachait pas son étonnement et sa perplexité devant une telle complexité dramatique et humaine.
Fabrice Luchini, après la sortie du film, a fait sienne l’idée développée dans le film d’une alternance des rôles entre les deux acteurs de la pièce. C’est ainsi qu’il a déclaré : « Si on me proposait de jouer Philinte au théâtre, j‘accepterais à condition d’alterner avec le rôle d’Alceste ». Et l’acteur de préciser sa vision de ce duo : « Philinte, c’est l’intelligence, contrairement à une vision romantique, adolescente, révolutionnaire, qui fait d’Alceste un héros, celui qui a raison. Mais Alceste, en vérité, c’est un chieur, il est ridicule et merveilleux en même temps, mais c’est quoi cette idée de vouloir dire la vérité, toute la vérité ? Si on réfléchit bien, Philinte, c’est l’homme de la compréhension de la nature humaine, avec un pessimisme profond. »
Le film est également pour l’acteur Luchini amoureux des mots et de la littérature, l’occasion de tourner en dérision quelques travers modernes. Les scènes de répétition entre Tanneur et Valance sont précisément le lieu de ces affrontements où s’expriment deux écoles, deux conceptions du métier d’acteur. Citant de nouveau Jouvet, Luchini rappelle par exemple la nécessité de dire les alexandrins tels qu’ils ont été écrits par Molière car, je le cite, « tu dois quand même dire le nombre de pieds, car, sinon, tu voles le spectateur. ». Il en va de même quand Tanneur-Luchini se moque de Valance-Wilson qui se croit obligé de boiter et de traîner les pieds pour incarner physiquement l’état d’esprit du personnage qu’il incarne. Ce sont, explique Luchini, des personnages exceptionnels. Il n’y a pas besoin d’aller chercher du vécu psychanalytique pour pouvoir dire des vers. »
Mais, dans la réalité, Lambert Wilson n’adhère pas aux conceptions du personnage hanté par la modernité qu’il incarne à l’écran. Loin de partager la forme de désinvolture de Gauthier Valance à l’égard du texte de Molière, il se déclare partisan d’une fidélité réelle au texte et d’affirmer, je le cite, « on ne doit pas jouer un texte du XVIIè siècle en voulant le rendre à tout prix moderne et accessible, cela voudrait dire sauter la difficulté du style. La beauté du théâtre vient du fait que des textes anciens puissent toucher un public contemporain, malgré leur forme archaïque. » Et c’est bien la raison pour laquelle le propos du film de Philippe Le Guay se situe entre modernité et tradition.
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Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, abonné aux rôles de héros au grand coeur, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ?
Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder. Il propose à Gauthier de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste. Au bout de cinq jours de répétition, il saura s’il a envie de le faire ou non.
Les répétitions commencent : les deux acteurs se mesurent et se défient tour à tour, partagés entre le plaisir de jouer ensemble et l’envie brutale d’en découdre. La bienveillance de Gauthier est souvent mise à l’épreuve par le ressentiment de Serge.
Autour d’eux, il y a le microcosme de l’Île de Ré, figée dans la morte saison : un agent immobilier, la patronne de l’hôtel local, une italienne divorcée venue vendre une maison.
Et l’on peut se prendre à croire que Serge va réellement remonter sur les planches…
ALCESTE À BICYCLETTE
A voir en streaming et en téléchargement légalAvec : Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Anne Mercier, Camille Japy, Ged Marlon, Laurie Bordesoules, Maya Sansa, Stéphan Wojtowicz, Christine Murillo, Edith Le Merdy, Josiane Stoléru
Durée : 104 minutes | Couleur : Oui
Année : 2013 | Restriction : Tous publics
Synopsis : Le célèbre acteur Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle en se réfugiant dans sa maison de l'île de Ré. Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision au sommet de sa carrière, débarque sur l'île pour convaincre Serge de jouer le rôle d'Alceste Le Misanthrope de Molière. Mais l'acteur refuse tout net dans un premier temps. Et cependant, il finit par proposer un accord : répéter durant cinq jours la première scène de la pièce et décider ensuite...
Production : Appaloosa Développement, France 2 Cinéma, Les Films des Tournelles, Pathé
Scénario : Pilippe Le Guay
Musique : Jorge Arriagada
Pays : France

A propos
Comme souvent au cinéma, avant la fiction, il y a eu la réalité. La genèse du film de Philippe Le Guay, Alceste à Bicyclette, en est une nouvelle illustration. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter le cinéaste raconter la façon dont son film a pris naissance : « Je cherchais à convaincre Fabrice Luchini de jouer le rôle principal de mon film Les Femmes du 6e étage et je l’avais poursuivi jusqu’à l’île de Ré. Fabrice est venu à ma rencontre à vélo et nous avons fait le chemin vers sa maison située tout au bout de l’île. Je lui ai fait alors remarquer qu’il vivait là reclus, tel un misanthrope. Et là, tandis que nous faisions du vélo, il s’est mis à déclamer la scène 1 de l’acte 1 du Misanthrope ». C’est ce que racontera quelques temps plus tard le film Alceste à Bicyclette, avec Fabrice Luchini presque dans son propre rôle de comédien vivant à l’écart du monde face à Gauthier Valence, alias Lambert Wilson, dans le rôle du metteur en scène.Le troisième personnage principal du film, c’est de fait l’île de Ré, un « lieu de réclusion à la morte saison » comme le dit Philippe Le Guay. Mais un lieu ambivalent également puisqu’à la belle saison, a contrario, afflue une intelligentsia parisienne dont le cinéaste souligne avec malice qu’elle pourrait bien s’apparenter à la Cour de Versailles au temps de Molière et de sa pièce. L’île devient alors et le désert où Alceste aimerait se réfugier et la cage dorée de Versailles que son ami Philinte connaît si bien.
En présentant ce projet à Fabrice Luchini, le cinéaste jouait un peu sur du velours puisque le comédien voue à Molière, un « immense dialoguiste », comme il dit, et à cette pièce en particulier une véritable admiration. L’acteur rappelle d’ailleurs que Louis Jouvet resta jusqu’à la fin de sa vie intrigué par l’immensité mystérieuse de la première scène du Misanthrope où ces deux caractères opposés se font face, à moins évidemment qu’il ne s’agisse des deux faces d’un même visage. Devant ses élèves jouant cette scène initiale, même après vingt ans de professorat, Jouvet ne leur cachait pas son étonnement et sa perplexité devant une telle complexité dramatique et humaine.
2 minutes après le film
Lire (à consulter de préférence après avoir vu le film)Fabrice Luchini, après la sortie du film, a fait sienne l’idée développée dans le film d’une alternance des rôles entre les deux acteurs de la pièce. C’est ainsi qu’il a déclaré : « Si on me proposait de jouer Philinte au théâtre, j‘accepterais à condition d’alterner avec le rôle d’Alceste ». Et l’acteur de préciser sa vision de ce duo : « Philinte, c’est l’intelligence, contrairement à une vision romantique, adolescente, révolutionnaire, qui fait d’Alceste un héros, celui qui a raison. Mais Alceste, en vérité, c’est un chieur, il est ridicule et merveilleux en même temps, mais c’est quoi cette idée de vouloir dire la vérité, toute la vérité ? Si on réfléchit bien, Philinte, c’est l’homme de la compréhension de la nature humaine, avec un pessimisme profond. »
Le film est également pour l’acteur Luchini amoureux des mots et de la littérature, l’occasion de tourner en dérision quelques travers modernes. Les scènes de répétition entre Tanneur et Valance sont précisément le lieu de ces affrontements où s’expriment deux écoles, deux conceptions du métier d’acteur. Citant de nouveau Jouvet, Luchini rappelle par exemple la nécessité de dire les alexandrins tels qu’ils ont été écrits par Molière car, je le cite, « tu dois quand même dire le nombre de pieds, car, sinon, tu voles le spectateur. ». Il en va de même quand Tanneur-Luchini se moque de Valance-Wilson qui se croit obligé de boiter et de traîner les pieds pour incarner physiquement l’état d’esprit du personnage qu’il incarne. Ce sont, explique Luchini, des personnages exceptionnels. Il n’y a pas besoin d’aller chercher du vécu psychanalytique pour pouvoir dire des vers. »
Mais, dans la réalité, Lambert Wilson n’adhère pas aux conceptions du personnage hanté par la modernité qu’il incarne à l’écran. Loin de partager la forme de désinvolture de Gauthier Valance à l’égard du texte de Molière, il se déclare partisan d’une fidélité réelle au texte et d’affirmer, je le cite, « on ne doit pas jouer un texte du XVIIè siècle en voulant le rendre à tout prix moderne et accessible, cela voudrait dire sauter la difficulté du style. La beauté du théâtre vient du fait que des textes anciens puissent toucher un public contemporain, malgré leur forme archaïque. » Et c’est bien la raison pour laquelle le propos du film de Philippe Le Guay se situe entre modernité et tradition.



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Alceste à bicyclette
Alceste à bicyclette
RésuméQuand Valence lui propose de jouer dans Le Misanthrope, Tanneur, admiratif de la pièce et en parfaite adéquation avec son personnage principal mais très réticent à l'idée de renouer avec un milieu qu'il a appris à exécrer (« tous des traîtres, personne à qui se fier, ne pensent qu'à leur profit personnel »), se laisse peu à peu tenter par la perspective d'incarner Alceste (même s'il est convenu avec Valence d'alterner avec Philinte une semaine sur deux), de retravailler avec un acteur ami de longue date (qui serait l'exception d'un milieu pourri) et de recréer avec lui ce qu'il considère comme la plus belle pièce du répertoire français. Valence reste donc sur place et les répétitions, en fait un travail minutieux des grandes scènes entre Alceste et Philinte, commencent, étant convenu que Tanneur a quatre jours de réflexion avant de s'engager définitivement. Entre les répétitions, des balades à bicyclette au bord de l'océan, des visites immobilières (Valence étant tenté par l'achat d'une maison dans l'île), lesquelles débouchent bientôt sur la rencontre d'une belle Italienne que le « misanthrope » Tanneur se prend à apprécier. Les deux acteurs auront-ils assez de respect l'un pour l'autre et de contrôle d'eux-mêmes pour que l'alternance hebdomadaire du meilleur rôle de la pièce puisse entrer dans les faits lors de la tournée prévue, cela reste à voir. Fiche technique
Distribution
Autour du film
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