LEONARDA

 Hollande et l’affaire Leonarda : demi-mesure, flop total !

 

Affaire Leonarda : Place aux faits

Valls et le préfet du Doubs n’ont fait que respecter la loi

Publié le 16 octobre 2013 à 16:25 dans Politique
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Manuel Valls est encore dans le collimateur de ses petits camarades de la majorité présidentielle. Le ministre de l’Intérieur est coupable. Forcément coupable. Rappelons les faits. Une collégienne de Pontarlier, dans ma chère Franche-Comté, a été reconduite avec sa famille dans son Kosovo natal, après le rejet de ses deux demandes d’asile politique, décision confirmée par un tribunal administratif et une Cour administrative d’appel. Depuis mardi soir, les conditions de l’expulsion de Leonarda Dibrani suscitent l’émotion médiatique, valant à Manuel Valls et au préfet du Doubs un concert de sifflets. La petite Leonarda a été interceptée par la police le 9 octobre dernier alors que son père avait été reconduit au Kosovo la veille et qu’il était prévu que toute la famille le rejoigne ce jour-là. Constatant qu’un membre de la famille manquait à l’appel, les autorités ont demandé à sa mère de l’appeler sur son téléphone portable pour la faire revenir du bus qui l’emmenait en sortie scolaire. Dans la foulée, le maire de la commune de Levier, où résidait la famille Dibrani, a convaincu le professeur présent sur les lieux de coopérer. Finalement, le bus s’est arrêté sur le parking d’un autre collège à la périphérie de Pontarlier. Selon le secrétaire général de la préfecture, cité par Le Monde, « La jeune fille est descendue volontairement du car, dans lequel aucun policier n’est monté, pour attendre les fonctionnaires chargés de la prendre en charge. L’opération s’est déroulée dans le calme. Il n’y a eu aucun incident et l’embarquement à Lyon s’est effectué sans la moindre difficulté. »
Mais les réactions outrées des politiques ne collent pas vraiment avec le récit de la préfecture. Sandrine Mazetier, la députée de Paris qui avait proposé l’hiver dernier de débaptiser les sexistes écoles maternelles, songe-t-elle à transformer les préfets en « officiers de régularisation » ? C’est bien possible puisque l’élue exige la convocation ainsi que la sanction du préfet de Besançon. Voilà donc une parlementaire qui demande qu’on punisse un fonctionnaire parce qu’il applique la loi qu’elle vote. Tout va bien. Au Parti de gauche et chez les Verts, on n’est guère plus inspiré. Jean-Luc Mélenchon plastronne sur twitter : « La honte, c’est maintenant ! Rendons #Valls à Le Pen. Vivement la gauche en France ! #Leonarda » tandis que la sénatrice verte Esther Benbassa se fait tout aussi subtile : « Leonarda raflée dans la cour d’une école avec la complicité du maire et expulsée. Certains Francais auraient-ils la mémoire si courte ? »
Circonstance aggravante qui vaut à Manuel Valls et au préfet ce concours de points Godwin, l’établissement devant lequel la jeune fille est descendue du car porte le nom de la résistante Lucie Aubrac. Rafle, Résistance contre le nazisme, nous y sommes. Voilà donc les flics rhabillés en SS, le Préfet en Maurice Papon et Manuel Valls en René Bousquet. Ces allusions, ce vocabulaire sont mille fois plus scandaleuses que l’hypothèse – fausse en l’occurrence – d’une interpellation de la jeune fille devant ses camarades de classe.
Convoquer ainsi Lucie Aubrac, qui avait d’ailleurs soutenu en 2002 la candidature de Jean-Pierre Chevènement, lequel ne transigeait pas sur les expulsions d’immigrés illégaux, c’est insulter sa mémoire.
Manuel Valls a rappelé solennellement que les décisions d’éloignement validées par la Justice devaient être appliquées. Cela n’a pas empêché Matignon de demander une enquête administrative sur les circonstances de l’expulsion de Leonarda Dibrani. Nous verrons si cette investigation invalidera la version de la préfecture du Doubs.
Si l’administration lui donnait raison, Manuel Valls en sortirait politiquement renforcé. Dans ce cas-là, ses « amis » du PS, du PG et des Verts lui auraient une nouvelle fois rendu un fier service

À mauvaise analyse, mauvaise solution

Publié le 21 octobre 2013 dans Causeur.fr

Avec François Hollande, on n’est jamais déçu. On a beau se torturer les méninges, il est le plus fort pour imaginer la solution la plus tordue pour se sortir d’une situation politique embarrassante. Il avait pourtant toutes les cartes en mains pour montrer, enfin, qu’il assumait sans faillir la mission que le peuple lui a confiée en mai 2012 : être le garant de l’ordre républicain, et de la stricte application des lois votées par la représentation nationale.
En dépit du tapage médiatique, et de la montée en décibels du braillomètre (copyright Cyril Bennasar) des professionnels de l’indignation compassionnelle, il pouvait se montrer, pour une fois, politiquement capable de prendre une décision nette et claire, qui aurait fini par se révéler la seule adéquate : confirmer l’expulsion vers le Kosovo d’une famille de Roms dont la mauvaise foi, l’usage astucieux de toutes les failles de la loi française, et la manipulation des médias avaient fini par exaspérer tous ceux, même bienveillants, qui les connaissaient bien. Les associations de soutiens aux Roms et aux sans papiers, en Franche-Comté, comme en Italie, avaient jeté l’éponge. Cette famille, principalement son chef, le père, était devenue ingérable, même pour ces militants dont la patience et l’indulgence pour les incivilités de leurs protégés est réputée proverbiale.
La présence, non prévue au départ, de Leonarda à une activité extra-scolaire organisée par son collège le jour où toute la famille était sommée de quitter le territoire français, par avion et aux frais de la République n’a été que la dernière manœuvre, tentée et réussie pour mettre en échec la loi et le droit.
Leur dossier était tellement mauvais (usage de faux, mensonges avérés sur le lieu de naissance des enfants, refus du père d’occuper les emplois qui lui étaient proposés, violences intra-familiales signalées, fréquentation scolaire a éclipse des enfants), qu’aucun fonctionnaire humaniste de bonne foi n’a pu favoriser leur acceptation « à l’ancienneté » sur le territoire français.
En proposant le retour de la seule Leonarda (alors que cette dernière n’avait jamais manifesté son souhait d’une telle solution), Hollande réussit l’exploit de provoquer l’indignation simultanée des partisans de l’ouverture totale de nos frontières à « toute la misère du monde » – et ajoutons à tous les escrocs à la demande d’asile – et celle des pères et mères de famille choqués de par une sorte de rapt pourvu du sceau présidentiel.
Mais il y a plus grave : une erreur d’analyse politique qui voyait, à tort, monter dans le « peuple de gauche » une vague de protestation conduisant à des manifs de rue incontrôlables par le pouvoir. Les Français n’aiment pas, certes, que l’on procède en leur nom à des expulsions musclées de déshérités venus en douce picorer quelques miettes de la manne de notre Etat-providence. Mais ils aiment encore moins que l’on se moque d’eux d’une manière aussi grossière que la famille en question. Quel respect peuvent-ils encore éprouver pour un président qui se laisse ainsi manipuler par des gens sans scrupules, et des apparatchiks lycéens profitant de la disponibilité de leurs petits camarades à semer le souk à la veille des vacances scolaires ?
Même Harlem Désir se permet de prendre ses distances avec la parole présidentielle ! Et Valérie Trierweiler de donner son sentiment avant que son compagnon n’ait parlé. Cette affaire marque le tournant, catastrophique, d’un quinquennat déjà bien mal en point.

Leonarda, la Loi et l’Ordre

Publié le 21 octobre 2013 à 12:00 dans BrèvesPolitique
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Après l’allocution solennelle de samedi sur l’affaire Leonarda, le président semble faire l’unanimité, mais contre lui, et en plus sur des bases radicalement opposées.
À droite, la réaction de Copé est emblématique. Pour le boss de l’UMP, le président a porté un “coup terrible à l’autorité de l’État” et s’est “ravalé au rang du chef du PS” courant après “une synthèse introuvable entre les courants de la gauche”.
À preuve de cette impossibilité d’une synthèse, les réactions très remontées de nombre d’élus PS, de toute une myriade d’associations satellites, du PC des Verts etc. Mais la réaction la plus vive a été celle du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon : “La jeune collégienne est sommée par le Président de la République de choisir entre vivre en famille (5 frères et sœurs et ses parents) ou revenir seule en France poursuivre ses études. C’est d’une cruauté abjecte.”
Ce chœur rudement polyphonique ravira tant les partisans de la diversité (au sens d’avant) que les fans des ensembles folkloriques corses, bulgares, papistes, etc.
Moi, ce maelstrom m’a immédiatement rappelé un épisode de la fabuleuse série Law & Order (New York Police Judiciaire). Jack McCoy l’intègre assistant du District Attorney de Manhattan et l’avocat retors d’un criminel s’affrontent sur un point de droit. Ils portent leur querelle devant le juge de l’affaire, un vieux magistrat rusé aussi sourcilleux sur les abus de droit que les entorses à la constitution. Et la décision qu’il prend finalement mécontente à donf’ ses deux solliciteurs.
Commentaire du juge, très content de lui : « Quand les parties adverses sortent toutes les deux furieuses de mon bureau, je sais que j’ai pris la bonne décision. »