Portofino, la vie rêvée
L'enchantement d'un village de pêcheurs tel que le découvrit Maupassant à la fin des années 1880 lors d'une croisière sur son yacht « Bel Ami » : « A la fin de ce promontoire, que nous venons de doubler, on découvre tout à coup une crique cachée, presque introuvable, où la mer pénètre forêt de pins, d'oliviers et de châtaigniers. Un petit village, Portofino, s'élargit comme un croissant de lune autour de ce calme bassin. »
Dans le golfe de Gênes, ce village italien est un écrin pour mener la dolce vita. Et son palace, le Splendido, a vu défiler tout le gotha, d'Elizabeth Taylor à Kate Moss.
Palaces hors du temps

La signature d'Humphrey Bogart
Soixante ans de mondanités et le prix d'une mythologie... Un voyage qui s'ouvre en juillet 1952 avec, sur la première page, les signatures de « Wallis Windsor » et d' « Edward, duke of Windsor », suivies de celles de Roberto Rossellini et d'Ingrid Bergman qui vient d'accoucher des deux jumelles Isabella et Isotta, puis de sir Winston Churchill. L'année suivante voit séjourner Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, Clark Gable et Raf Vallone. Sur la même page, sans commentaire, les signatures d'Humphrey Bogart, Lauren Bacall et Ava Gardner qui tournent ici les scènes italiennes de « la Comtesse aux pieds nus ». Sur la page opposée : Groucho Marx !

En 1954, voilà Rex Harrison, un habitué, qui interprète « Richard Coeur de Lion » sur la route des croisades. En 1957, les souverains du Rocher signent « Rainier prince de Monaco » et « Pesse Grace de Monaco » (sic). En 1959, Esther Williams batifole dans la piscine. En 1961, Rock Hudson tourne « le Rendez-vous de septembre » de Robert Mulligan, l'histoire d'un homme d'affaires qui tombe des nues, débarquant dans sa propriété, transformée lors de son absence par une bande de jeunes Américains en hôtel ! Le 25 Mai 1967, les signatures d' « Elizabeth Taylor Burton » et de « Richard Burton » (à l'époque de leur premier mariage) qui fêtent le succès de « la Mégère apprivoisée ». Quinze ans plus tard, celle de « Larry Hagman Jr/ Dallas ». En 1984, Catherine Deneuve et Ali McGraw se croisent ; en 1986, Ornella Muti et Lizza Minnelli ; en 1987 la signature d'Alain Delon face à celle de Dennis Conner, vainqueur de l'America's Cup. L'été 1988 voit Caroline de Monaco et Annie Lennox puis Roger Vadim (« en souvenir d'un court séjour au paradis ») face à Patrick Modiano (« j'espère revenir le plus vite possible dans cette merveilleuse maison »). En 1990, Robert Palmer, dandy maltais, précède Madonna Louise Ciccone, Don Johnson et Ringo Starr. 1993 héberge Jean Alesi et Naomi Campbell. En1994 Wim Wenders et Michelangelo Antonioni, qui coréalisent à Portofno l'épisode avec Sophie Marceau et John Malkovich de « Par delà les nuages », font chacun un joli dessin. En 1996, que se disent Bill Gates et Roger Waters ? Un an plus tard Barbra Streisand et Robert De Niro ? Et surtout le 1er août 2002 Brian Ferry et Nancy Reagan ? En 2007, Eva Mendes écrit « Amore, amore, amore ». Le 9 mai 2010 se reposent Zinedine Zidane et Cate Blanchett. Rihanna les suit. Le 4 juillet 2013, soixante ans après les Windsor, Kate Moss et Jamie Hince roucoulent.
La Dolce Vita
Il est l'heure de boire un Bellini sur la terrasse, de commander des « spaghetti alla Elisabeth Taylor », des raviolis di San Pietro et la pêche du jour. La nuit est étoilée, la pleine lune rousse, un pianiste joue au bar et il nous semble reconnaître « Love in Portofno », le tube de Fred Buscaglione en 1958 (repris par Dalida), chanteur adulé, mort en 1960 au volant de sa Ford Thunderbird après une collision avec un camion à Rome vant l'ambassade américaine. E la dolce vita va.